Les revenus du streaming musical sur les 4 principales plateformes

  • LES ROYAUTÉS DISQUES

Royautés disques brutes pour 1 million de streams (Source beat.de – 2020)

NB : ces montants sont  à partager entre les artistes et leurs producteurs selon les termes de leurs contrats. Ils sont hors cotisations sociales salariales (17,2% en 2020-2021) pour les artistes.

Parmi les 4 principales plateformes de streaming musical, Apple Music est la plus rémunératrice pour les artistes et producteurs ; la moins rémunératrice étant YouTube.

De plus, à la grande différence des autres plateformes, pour être rémunéré de YouTube, il est nécessaire de monétiser la chaîne de l’artiste. Pour cela, il faut compter plus de 1000 abonnés et avoir cumulé plus de 4000 heures de visionnage de ses vidéos publiques sur les 12 derniers mois ; soit à raison de 3 min par vidéo, cela représente plus de 80 000 vues.

 

  • LES DROITS D’AUTEUR

Droits d’auteur bruts moy. pour 1 million de streams (Source SACEM – 2020)

Même constat que précédemment : Apple Music est sans conteste la plus rémunératrice pour les auteurs, compositeurs et éditeurs ; les moins rémunératrices étant les plateformes financées par la publicité.

Deezer et Spotify proposant les deux systèmes, pub et abonnement, et donc rémunérant en moyenne bien plus que les 140€ et 173€ indiqués des offres gratuites, YouTube est à nouveau la plateforme qui rémunère le moins bien les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique.

NB : ces montants sont à partager entre les Auteurs (auteurs et compositeurs) et les éditeurs selon une répartition un peu particulière (cf. ci-après), hors prélèvements Sacem (dont 9% de frais gestion…) et hors cotisations sociales salariales (env. 16% en 2020-2021) pour les Auteurs. 

La Sacem répartit les droits du streaming interactif (le non-interactif étant les web radios par exemple) de cette manière :

– Offre gratuite (financée par la publicité) : 50% des droits collectés sont affectés au droit d’exécution publique (ou DEP) et 50% au droit de reproduction mécanique (ou DRM).

– Offre payante (abonnement ou écoute et/ou visionnage à l’acte) : 25% des droits collectés sont affectés au DEP et 75% au DRM.

Exemples : pour YouTube, les droits seront donc partagés à 50/50 selon les clés DEP et DRM, alors que pour Apple Music, les droits seront respectivement partagés à 25/75. Si nous prenons le cas classique d’une chanson avec 1 auteur (DEP =1/3 – DRM = 25%), 1 compositeur (DEP =1/3 – DRM = 25%) et 1 éditeur (DEP =1/3 – DRM = 50%) : l’auteur et le compositeur toucheront chacun 65,62€ de droits bruts pour 1 million de streams sur YouTube et 541,66€ bruts pour Apple Music

RÉALISATEURS DE VIDÉOCLIPS : N’OUBLIEZ PAS VOS DROITS D’AUTEUR !

Les réalisateurs de vidéoclips ont quelque fois tendance à l’oublier mais ils sont également des auteurs et ont, de ce fait, des droits d’auteurs sur les exploitations des clips qu’ils ont réalisés (en plus de leur rémunération fixe pour leur prestation technique lors du tournage). C’est également la Sacem qui est chargée de collecter ces droits et de les répartir.

Pour cela, il est nécessaire que le réalisateur signe un contrat de cession de droits (écriture et réalisation) avec le producteur du clip et que le réalisateur dépose ce contrat accompagné du bulletin de déclaration adéquat auprès de la Sacem, assez rapidement d’ailleurs, la Sacem ne disposant que de 2 à 3 mois de rétroactivité auprès de YouTube.

Les réalisateurs de clips sont rémunérés 20% des droits d’auteur perçus par les auteurs, compositeurs et éditeurs pour la musique du clip. Ces droits ne sont pas pris sur la part de la musique mais facturés en plus aux plateformes.

Pour reprendre nos exemples précédents, sur YouTube, la diffusion d’un vidéoclip (monétisé), génère 45€ de droits d’auteur brut par million de streams pour le réalisateur du clip et 400€ sur Apple Music.

  • MCPS vs UCPS

Toutes les plateformes de streaming rémunèrent les ayants-droit (artistes, producteurs, auteurs, compositeurs et éditeurs) selon un système dit MCPS pour « Market Centric Payment System » : les revenus sont répartis à la hauteur des écoutes générées (durée minimum de 30 secondes consécutives) pour chaque titre de manière globale sur la plateforme.

 

Market Centric Payment System (© Deezer.com)

Ce modèle issu des offres gratuites financées par la publicité conduit notamment à ce que 0,1 % des artistes présents sur ces plateformes captent à eux seuls 99,4 % des écoutes et donc des revenus (source Alpha Data 2019) et à une sur-représentation de certains genres musicaux (rap et hip-hop), ainsi qu’à des fraudes avec des « « fermes à clics » qui augmentent de manière artificielle les écoutes de certains artistes.

En clair, avec le MCPS, un majeure partie de l’abonnement de l’utilisateur ne sert pas à rémunérer les artistes qu’il écoute mais ceux qu’il n’écoute pas…

Afin de palier à ces travers, Deezer teste un autre système dit UCPS pour « User Centric Payment System » : le montant de l’abonnement de l’utilisateur, moins la commission de la plateforme bien-sûr, rémunère les artistes qu’il écoute, au prorata du nombre total des écoutes de cet utilisateur.

 

User Centric Payment System (© Deezer.com)

Pilotée conjointement avec le Ministère de la Culture, le Centre National de la Musique (CNM) a réalisé une étude sur l’impact du passage du modèle de rémunération MCPS au modèle UCPS pour les abonnés français en 2019, avec Deezer et Spotify, dont les résultats ont été publiés le 27 janvier dernier.

L’UCPS « aurait pour effet d’atténuer fortement les redevances touchées par le top 10 des artistes » (-17,2%) au profit des artistes du milieu et du bas du classement, mais il n’aurait qu’un « impact relatif sur les redevances générées pour les artistes les moins écoutés » du top 10 001+ (+5,2%)

Il aurait également pour effet de favoriser « la revalorisation des genres de niche : classique (+24 %), hard rock (+22 %), blues (+18 %) », sans grand impact financier compte tenu de leur faible assiette de revenu actuelle, ainsi que celle du « rock (+13 %) et de la pop (+12 %) » au détriment du « rap (-21%) et du hip-hop (-19%) ».

Imaginé un temps comme une solution pour une juste rémunération des artistes, l’UCPS ne fait pas de miracle mais a néanmoins l’avantage d’une meilleure redistribution des revenus du streaming, qui restent encore bien en deçà des revenus du physique.

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Expert en gestion administrative et business management pour artistes entrepreneurs, labels et éditeurs indépendants / contact : services@socialmusiccafe.com

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